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Histoire d’une restauration
par M. de La Rochefoucauld

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Un domaine venant des temps anciens

Le domaine de Haute-Isle, appelé un temps ''la Ferme de Boileau'', également dénommé ''le domaine de Boileau'', du nom de l'illustre écrivain qui y séjourna à de nombreuses reprises chez son neveu Nicolas Dongois, a traversé les siècles affecté à divers usages. Dont celui de ferme dès le XVIIIème siècle, époque où il servait de lieu d’expérimentation pour de nouvelles cultures et de nouveaux modes d’exploitation agricoles. Il était alors rattaché au domaine de La Roche-Guyon.

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@MdeLR ; collection privée

Au cours des XIXème et XXème siècles, il devint une ferme à part entière.

Dans les années 1970, avec la mécanisation croissante des exploitations agricoles, les bâtiments de la ferme perdirent progressivement leur usage, et la construction du grand hangar à parement de bois, en contre-bas, acheva cette évolution. Les bâtiments furent laissés à l’abandon en 1972, au point que, menaçant ruine, ils furent frappés d’un arrêté de périls quelques années plus tard.

En 1992, mon père qui avait pu sauvegarder le corps de ferme dans la succession de son propre père finalisée en 1987, me demanda de le seconder, puis de prendre en main, puis en charge, le projet de restaurationPassionné par la boucle de la Seine, il tenait à sauver ce modeste patrimoine bâti. 

Nous avions quelques idées de l’histoire ancienne du domaine de Boileau et de sa participation à la vie locale, et en particulier à la vie sur le coteau.
 

La tâche était considérable pour un particulier ayant depuis peu débuté sa carrière professionnelle et en charge d’une jeune famille.

Tout était à reprendre, à commencer par la sécurisation de la falaise de craie, la reprise des murs, des toitures, des planchers, des menuiseries, des sols, les mises aux normes actuelles, la plantation d’arbres et arbustes, etc… et ce sans n'y rien connaître !

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@MdeLR ; collection privée

En 1997, le Pact’Arim, organisme à caractère public, qui a pour objet de « participer à la prise de conscience de la détresse des mal-logés » et « leur vient en aide par des actions sur l’habitat », s’intéressa à la maison principale dite ‘’de maître’’ (expression de l’époque de la ferme). Une convention de dix ans fut passée et l’architecte de l’organisme en lien avec l’Anah, l’Agence nationale de l'habitat, définit techniquement le projet de restauration. Un emprunt à taux bonifié put être contracté pour la réalisation des travaux. Ainsi, la maison où avait séjourné Boileau devint le premier (et le seul) logement social de Haute-Isle !

 

Ce fut l'unique aide publique de toute cette aventure, mais elle fut bien utile pour aider au démarrage de la restauration.

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Une restauration sur longue période

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@MdeLR ; collection privée

Le piochage de l’enduit extérieur du bâtiment principal, la grande maison avec toit à la Mansart, révéla l’existence de trois vastes baies qui avaient été fermées au XIXème siècle. Le parti fut pris de les dégager pour leur restituer leur état initial. Le piochage de l’enduit révéla également que celui d’origine était de ton rose et non brique, ainsi qu’il avait évolué avec le temps et les intempéries. Pour respecter le bâtiment, il fut alors décidé de confier à la maison Saint Astier un bloc d’enduit ancien, afin que puisse être reproduite la teinte ancienne à l’identique en mortier de chaux.

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@MdeLR ; collection privée
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@MdeLR ; collection privée

Depuis la restauration de 1998, le bâtiment principal est loué afin de contribuer aux charges annuelles, en particulier aux impôts locaux et aux assurances qui pèsent substantiellement.

Les ‘’gestionnaires’’ du domaine se réservèrent la maison annexe, également avec des toits à la Mansart. Pas bien grand pour une famille nombreuse, l'espace de vie fut agrandi par la suite en restructurant le bâtiment central contiguë, de plain-pied, avec le jardin offrant un vaste espace de jeux et d'exploration avec ses boves troglodytiques !

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@MdeLR ; collection privée
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@MdeLR ; collection privée

Le corps de ferme en ruine fut ainsi mon héritage et ma passion, et les mots de La Fontaine, retenus du Laboureur et ses Enfants, bien à propos :

‘’ Travaillez, prenez de la peine : C'est le fonds qui manque le moins.

...

‘D'argent, point de caché. Mais le père fut sage,

De leur montrer, avant sa mort,

Que le travail est un trésor. ‘’

 

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@MdeLR ; collection privée
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@MdeLR ; collection privée

Il fallut bien 30 ans pour que, morceau par morceau, pierre par pierre, le domaine soit progressivement restauré, sécurisé, et visitable au public des randonneurs et au tourisme vert. Il est régulièrement mis à disposition des équipes du parc naturel régional pour que soient découverts et partagés les éléments si singuliers de l’habitat troglodytique (caves-boves en habitat, atelier, étable à moutons, vacherie, pressoir, colombier, hangar à tombereau, …).

Ce sont aussi de longues heures de recherches notamment aux Archives départementales de Pontoise, pour faire réémerger l’histoire du modeste domaine, jusqu’à en écrire un recueil de plus de deux cents pages qui paraîtra peut-être un jour. Première trace de cette vie à flanc de coteau, un document, une charte de 1186 !

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Le partage d’une passion

Cette redécouverte de l’histoire, conjuguée avec la restauration, conduira le parc naturel à proposer l’intégration du domaine aux Sentiers du patrimoine.

 

Mon épouse et nos 5 enfants furent bien patients pendant tant d’années de travaux : ils étaient conquis par la beauté du paysage et l’habitat troglodytique. Les mots de mon père m'accompagnaient au fil des années avec l’ampleur de la tâche : « Bravo pour tout ce que tu fais à Haute-Isle ! », « Encore félicitations et bon courage pour la suite »

 

La suite c’est aujourd’hui et depuis quelques années maintenant l’ouverture bénévole au public et le partage de moments de découverte pour les randonneurs et visiteurs. Un trésor simple que la passion incite à partager avec ceux qui s’y arrêtent.

 

Le succès des Journées européennes du patrimoine révèle combien sont nombreux ceux qui sont attachés à la préservation du patrimoine, de ces petits patrimoines locaux, corps de ferme anciens, moulins, lavoirs, fontaines, abreuvoirs, etc.

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La restauration projetée du pigeonnier à flanc de falaise

La suite c’est aussi aujourd’hui la restauration indispensable du mur de moellon du pigeonnier troglodytique qui, perché à flanc de falaise, menace de s’effondrer. C'est le dernier pigeonnier troglodytique ayant sa façade de moellons sur la Seine, de Paris à la Normandie !

Là encore un budget bien difficile à mobiliser en particulier avec la complexité de l’échafaudage très onéreux, et les spécificités techniques de cette restauration.

L’aventure n’est pas terminée, la passion est intacte.

Le Parc naturel régional qui connaît bien les lieux et utilise même la photo du pigeonnier pour son guide touristique sur le troglodytisme en Vexin est venu le visiter au printemps 2024. Le Parc souhaite encourager cette restauration. Un dossier pourrait être monté, mais des incertitudes financières le mettent en suspens.

 

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Une restauration ouverte sur l'avenir... la valorisation du territoire du Vexin et de son histoire locale...

@MdeLR ; collection privée
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